Glottophobie :dans quel accent avez-vous lu ce mot ? La glottophobie est décrite par toutes les formes de discrimination linguistique : le mépris, la haine, l’agression, le rejet, l’exclusion, la discrimination négative dont sont victimes les personnes. Dans notre propre société kenyane, on la considère comme un phénomène très léger ou sans gravité. Nous avons des comédiens et des personnes sur les réseaux sociaux qui se moquent d’autres dialectes. Ils parlent en anglais ou en swahili avec ces accents. Combien de fois pensons-nous aux répercussions sur les utilisateurs de ces langues locales? À vrai dire, nous le faisons rarement. Il est est devenu une blague, une norme.
Il est assez cocasse de penser que certains d’entre nous ont grandi en connaissant un vocabulaire erroné puisque c’est ce qu’on nous a appris à l’école. Personnellement, par exemple, mon professeur de sciences à l’école primaire m’a appris que nous avions des dents appelées (morars). Non, seulement pour constater quand j’étais au lycée que je le prononçais et l’écrivais mal depuis plus de trois ans.
Je connais des amis qui forcent un accent anglais ou swahili parce qu’ils ont été intimidés et qu’on leur a fait croire qu’ils parlaient terriblement ou qu’ils avaient un anglais ou un swahili incompréhensible. On les méprise, on se moque d’eux et cela leur a coûté des amitiés, de bonnes occasions et même des opportunités d’emplois.
Toutefois, d’un point de vue réaliste, un présentateur de télévision, un journaliste ou une personne travaillant dans le domaine de la communication doit s’exprimer de manière très cohérente et couramment dans la langue standard spécifique. Mais que se passe-t-il si leur seul défaut est leur accent ? Dans ce cas, ils obtiennent à peine le poste. S’agit-il de discrimination linguistique? Beaucoup de gens parlent très mal l’anglais et même le swahili au Kenya. Nous battons certainement pour améliorer nos compétences orales, celles de nos enfants et de nos amis, afin d’assurer une prestation efficace de la parole en public. Cela s’applique dans tout contexte social, qu’il soit formel ou informel. Malheureusement au Kenya, et dans de nombreuses communautés africaines, l’accent anglais est associé à des distinctions sociales et ethniques.
Mais quand la glottophobie a-t-il commencé à être un problème? Tout a commencé en 2018 en France lorsque le leader de l’extrême droite M. Jean-Luc Mélenchon s’est moqué d’un journaliste parce qu’il avait un accent du sud de Toulouse. “Est-ce que quelqu’un peut me poser une question en français? Et (le) rendre un peu plus compréhensible…”, a déclaré M. Melenchon en s’adressant à un groupe de journalistes. Cela a évidemment suscité beaucoup d’inquiétude en France. Si les stigmatisations pareilles restent tenaces, la glottophobie n’est pas inévitable. Certaines personnes tentent de cacher leur accent au risque de provoquer un malaise.
Une solution possible est d’adapter leur prononciation aux différents contextes. Certaines personnalités choisissent au contraire de résister en défendant ouvertement les langues et les accents régionaux. C’est pour ça que le député Christophe Euzet proposait le projet d’un loi qui conduirait en effet à la pénalisation de la discrimination linguistique désormais.
Mot de la fin : avoir un accent n’est pas un péché et soyez-en fiers car c’est votre identité, tout comme votre nom. Il est cependant très indispensable et efficace que la langue standard puisse être formée pour les formalités et à des fins officielles.